Prévention du cancer de la prostate : que peut-on faire ?

Par Sylvie Rousseau ND.A.

La prostate est une petite glande du système reproducteur masculin de la grosseur d’une noix situé sous la vessie et en avant du rectum.  Elle encercle l’urètre, le conduit urinaire.  Celle-ci sécrète un fluide alcalin qui augmente la mobilité du sperme et lubrifie l’urètre pour prévenir les infections.

Comme elle entoure l’urètre, l’hypertrophie ou une tumeur à la prostate peut nuire à la miction, car le conduit urinaire se retrouve étranglé sous cette glande. On aura alors des symptômes d’obstruction de la vessie, dont le besoin d’uriner fréquemment, surtout la nuit, une faiblesse du flot urinaire, de la difficulté à initier ou à retenir l’urine, de la difficulté à obtenir une érection ou de la douleur pendant l’éjaculation, des douleurs fréquentes, des raideurs dans le bas du dos, les hanches ou le haut des cuisses.

Si on ne traite pas l’hypertrophie bénigne de la prostate, avec le temps, cela obstruera la vessie qui amènera une rétention de l’urine et éventuellement endommagera les reins. Cela pourra également affaiblir les sphincters de la prostate et de la vessie contrôlant le débit urinaire.  Le risque encouru sera l’incontinence urinaire exigeant l’installation d’une sonde permanente pour l’individu affecté.

Ce trouble de santé est extrêmement commun chez les hommes.  On mentionne dans la littérature scientifique qu’environ 50% des hommes en seront atteints à un moment ou l’autre de leur vie.  La fréquence augmente avec l’âge, allant de 5 à 10% vers la trentaine et monte à 90% chez les hommes de 85 ans. Les facteurs de risque sont multiples : obésité, manque d’exercice, tabagisme, vasectomie et maladies transmises sexuellement. L’hypertrophie bénigne de la prostate peut dégénérer en cancer, si non traité.

Pour cette raison, on recommande aux hommes de plus de quarante ans de se faire examiner régulièrement chez le médecin.  Cela implique un toucher rectal pour palper la prostate.  Toutefois, dans le cas de l’hypertrophie bénigne de la prostate (BPH), souvent le volume de la prostate n’est pas toujours perceptible au point où le médecin peut ne pas le reconnaître.  Dans les cas de cancer, cet examen n’est pas fiable.  On utilisera des tests sanguins plus précis, dont le PSA (antigène prostatique spécifique), mais la biopsie demeure le test le plus sûr dans cette dernière éventualité.

On croit que l’hypertrophie bénigne de la prostate s’installe avec les changements hormonaux survenant avec le vieillissement.  D’une part, on remarque que le niveau de la testostérone diminue avec l’âge, mais d’autre part, le taux des autres hormones dont les oestrogènes, la prolactine, la LH et la FSH pourront augmenter.  Cela résultera en une augmentation de la conversion de la testostérone en déhydrotestostérone (DHT), un métabolite de la testostérone de type carcinogène.  Le niveau plus élevé des oestrogènes serait l’élément clé qui serait responsable de cette conversion et empêcherait l’élimination de la DHT de la prostate dû à une augmentation de l’action d’une enzyme connue sous le nom de 5-alpha-reductase.

Et le cancer alors

Dans un article du New England Journal of Medicine, on affirme que le cancer, de façon générale, serait plus qu’autrement un effet du vieillissement.  On résume en une phrase pourquoi les cellules vieillissantes dans notre corps sont vulnérables au cancer : « Cancer results from the accumulation of mutations in genes that regulate cellular proliferation ». Autrement dit, à chaque fois qu’une cellule se divise, il y a toujours de petites mutations se produisant dans les gènes qui contrôlent la prolifération cellulaire.  Ces mutations se produisent en réponse à des insultes directes dues à toute forme de pollution environnementale.  Lorsque trop de gènes régulateurs sont mutés, les cellules perdent la capacité de se diviser correctement et se transforment en cellules cancéreuses.  Donc, la meilleure manière de prévenir ce phénomène du vieillissement reste encore l’adoption d’un mode de vie sain.

L’alimentation à notre portée

Par exemple, la consommation plus importante de viande rouge, de produits laitiers gras et de sucreries ferait augmenter le risque de contracter le cancer.  À l’opposé, la consommation de légumes verts et de soya, de protéines végétales et des gras de type oméga 3 pourraient nous protéger de ce dérèglement cellulaire.

Plus particulièrement, les isoflavones contenus dans le soya et les crucifères, dont le brocoli et le chou-fleur, sont une protection naturelle contre le cancer, car ceux-ci vont affecter le métabolisme des oestrogènes en diminuant le taux des oestrogènes carcinogènes.  Les études tendent à démontrer que la consommation régulière de soya est associée à un risque réduit de cancer de la prostate. Par exemple, dans une étude réalisée en Écosse, impliquant 433 patients atteints de cancer de la prostate, on a démontré que la consommation de soya arrivait à faire baisser l’incidence de ce cancer chez 48% des hommes.  Également la consommation de certains nutriments dont les lignanes que l’on retrouve dans les graines de lin et le kudzu agiraient dans le même sens. Ils auraient aussi une influence sur l’angiogenèse, un phénomène associé au cancer.

Certains spécialistes prétendent que la consommation de soya pourrait au contraire augmenter l’incidence du cancer.  Cette hypothèse est basée sur le fait que l’on croit que les isoflavones miment les oestrogènes dans le corps et pourraient faire augmenter le taux de ces hormones dans le corps.  Or, on sait pertinemment que ces nutriments agissent plutôt comme des modulateurs sélectifs des récepteurs des oestrogènes.  Cela veut dire que ceux-ci agissent comme des adaptogènes, c’est-à-dire qu’ils seront agonistes ou antagonistes de ces récepteurs dépendamment du niveau des oestrogènes circulants.  Ils ne feront donc pas augmenter le taux de ces hormones inconditionnellement, mais agiront plutôt à normaliser le niveau de celles-ci.  En résumé, si l’organisme produit trop d’oestrogènes, les phytoestrogènes contenus dans le soya bloqueront partiellement leur effet négatif, tandis que s’il y a une déficience, ils pourront combler une partie des besoins.  Gardez à l’esprit qu’il est important de choisir du soya de culture biologique pour éviter toute trace d’aliments modifiés génétiquement (OGM).

lait soya free digital photo

Il est également important d’éviter les pesticides, d’arrêter de fumer, d’augmenter les apports nutritionnels de zinc dans l’alimentation et de garder un taux de cholestérol normal.  D’une part, les pesticides sont responsables de l’activation de l’enzyme de 5-alpha-reductase.  Le cadmium, un métal lourd que l’on retrouve en concentration importante dans le tabac, serait un antagoniste du zinc et serait aussi en lien avec une activation de cet enzyme.

D’autre part, une diète équilibrée en protéines aurait pour effet de diminuer l’activité de l’enzyme 5-alpha-reductase, alors qu’une diète pauvre en protéines l’augmenterait.  Le zinc, ayant le même type d’action dans le corps, devient un minéral clé dans ce trouble de santé.  Il deviendra fondamental de contrôler le niveau des oestrogènes, car lorsque ceux-ci se retrouvent en trop grande quantité, ils bloqueront l’absorption du zinc. La consommation régulière de bière et le stress peuvent augmenter la sécrétion de la prolactine et devenir un facteur aggravant.

Plusieurs herbes médicinales sont utilisées pour le traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate.  Le palmier nain est très connu pour traiter ce genre d’affection ainsi que l’ortie et le Pygeum Africanum.  Par contre, le succès de ce traitement dépendra du degré d’inflammation de la prostate.

En conclusion, la gente masculine aurait avantage à faire un peu de prévention pour éviter les complications de ce trouble de santé.  En effet, l’hypertrophie bénigne de la prostate et son pendant, le cancer, ne sont pas des problèmes anodins et sans conséquence.  La naturopathie offre une approche structurée pouvant aider beaucoup dans la prévention de ce type de cancer.

 

N’hésitez pas à commander ces quelques suppléments pouvant vous aider grandement dans ce problème de santé  :

L’image « Lait de soya » est une courtoisie de FreeDigitalPhotos.net

Références :

  1. FALOON William, Lignans protect against prostate cancer by multiple mechanisms, Life Extension, January 2008, p23-27.
  2. FALOON William, Scientific methods to reduce breast and prostate cancer risk, Life Extension, November 2007, p25-34.
  3. MURRAY Michael, N.D., Encyclopedia of Natural medicine, Prima publishing, 1998.