La dépendance à la nicotine

Par Sylvie Rousseau ND.A.

Qui n’a pas dans son entourage immédiat, un fumeur invétéré qui ne veut rien entendre d’arrêter de fumer ou qui jongle avec cette idée depuis des lustres sans jamais prendre action.  Je suis, un peu comme vous, témoin de cette réalité.  Et c’est pour cette raison, que je veux partager quelques unes de mes réflexions et recherches avec vous au cas où, à tout hasard, celles-ci arrivent à faire sortir certains de leur torpeur.  Je dédie donc cet article à ces personnes chères.     

Quelques statistiques

La cigarette compte pour 17% des morts prématurées en Amérique du Nord annuellement.  Cela représente, toutes causes confondues, plus que le nombre de morts dues à l’alcool, aux drogues illégales, aux accidents de voiture, aux suicides et aux homicides.  Le tabac est responsable de 33% de mortalité due au cancer, de 25% d’infarctus, de 85% des maladies pulmonaires chroniques. Plusieurs problèmes de santé ont été associés à la cigarette dont les plus importants sont l’angine, l’artériosclérose, la bronchite chronique, le cancer du colon, l’ostéoporose, les brûlures d’estomac et le colon irritable.  Le tabac contribue aussi à l’impotence et à la stérilité chez l’homme.  Du coté des femmes, cela peut précipiter la ménopause et la rendre plus difficile.

 

Comment s’installe l’accoutumance

 

Au début, on fume par imitation, puis par plaisir.  Cela donne une jouissance olfactive, gustative et visuelle.  Fumer est similaire à s’enivrer et c’est un besoin universel. L’accoutumance à la cigarette s’installe insidieusement parce qu’il y a une perte des réactions de défense qui avertit le fumeur du danger de dépendance.  Il s’établit un nouvel équilibre venant de la privation de la nicotine et se traduit par une souffrance qui fait naître le besoin de fumer.

 

On retrouve jusqu’à 4000 substances chimiques dans la cigarette dont la plus nocive évidemment est la nicotine. Cela crée une double dépendance soit physique et psychologique.  On croit qu’en quelques semaines on peut se défaire de la dépendance physique.  Mais, l’envie psychologique peut persister plus longtemps et demander un effort plus important pour s’en délivrer.  Les fumeurs ressentent en effet une sensation de relaxation et les précipitent ainsi dans un état d’accoutumance. 

 

Celle-ci s’installe parce qu’il se développe aussi une tolérance du cerveau à l’effet de la nicotine.  Autrement dit, la quantité nécessaire pour ressentir l’effet recherché augmente avec l’usage.  On dit que ce type de dépendance est aussi difficile à se débarrasser que l’accoutumance à des drogues dures comme l’héroïne et la cocaïne. 

 

L’effet sur le cerveau

 

Il est désormais établi que certaines substances qui déclenchent la dépendance chez l’homme augmentent la libération d’un neurotransmetteur que l’on nomme la dopamine, dans une zone précise du cerveau et initie un cercle vicieux de la récompense qui rend la victime dépendante aux drogues.

 

La dopamine participe à de nombreuses fonctions essentielles à la survie de l’organisme comme la motricité, l’attention, la motivation, l’apprentissage et la mémorisation.  Mais, elle est un élément important dans le repérage de récompenses naturelles pour l’organisme. Alors que certains excitants ou nourritures peuvent initier des schèmes de comportement associés au plaisir, la dopamine permet en plus de mémoriser que ces substances sont synonymes de bien-être.


Toutes les drogues ne provoquent pas le même effet sur les neurotransmetteurs dans le cerveau.  La cocaïne, par exemple, augmente surtout la présence de dopamine dans les synapses et l’ecstasy, celle de la sérotonine.  La nicotine, quant à elle, se substitue aux neurotransmetteurs naturels dans les récepteurs à acétylcholine.  Elle se fixe sur un type particulier de ces récepteurs appelé justement récepteur nicotinique.

 

Que ce soit l’acétylcholine naturelle ou la nicotine qui se fixe sur ce récepteur, celui-ci se comporte toujours de la même façon.  Il ouvre le canal ionique qui lui est associé pendant un bref instant pour laisser entrer des ions sodium qui vont exciter le neurone. Puis, le canal se referme et le récepteur nicotinique ne répond plus pendant un certain temps à tout autre neurotransmetteur. C’est cet « état d’anesthésie »  qui va être artificiellement maintenu par l’exposition continue à la nicotine.

Après une brève période d’abstinence, une nuit de sommeil par exemple, la concentration de nicotine redescend et permet à une partie des récepteurs de retrouver leur sensibilité. Le retour de ces récepteurs à un état fonctionnel augmente anormalement la transmission nerveuse. Le fumeur éprouve alors de l’agitation et de l’inconfort qui le conduit à fumer une nouvelle cigarette.


 

 

 

Prédisposition à la dépendance au tabac ?

Il y a ceux qui fument mais que ne s’accrochent pas.  Ils arriveront à se sevrer relativement facilement.  Il y a ceux pour qui le tabac devient un besoin plus important que leurs propres besoins physiologiques.  Ils sont plus difficiles à guérir.  On peut soupçonner qu’une certaine prédisposition à ce type de dépendance existe.  Il peut s’agir d’une personne nerveuse, ayant une tendance dépressive mêlée d’inquiétude, la personne peut souffrir d’une diminution de sa vitalité  minant sa capacité à se  sevrer.  Ces gens sont fragiles à ce qui peut leur donner l’illusion d’un bien-être même s’ils sont conscients qu’au contraire ils aggravent leur mal.  Mais avec les années d’intoxication, le plaisir s’estompe et la servitude augmente. 

Quelques pistes de solutions

Il n’y a pas de recettes miracles pour arrêter de fumer.  Une chose est sûre, les personnes aux prises avec ce type de dépendance, devraient aller chercher de l’aide.  Tout repose sur la motivation, la détermination et la précision avec laquelle ils appliqueront les différents conseils.  En voici quelques uns :

    1. Pour augmenter la motivation : utilisez l’autosuggestion, le chant, l’auto hypnose, la pensée positive.  Faites des projets, soyez optimiste.
    2. Pour supprimer le besoin : adoptez un régime sain en évitant les aliments raffinés (sucreries), augmentez la consommation de fruits et légumes frais, vous vous sentirez beaucoup mieux, évitez les stimulants (alcool, chocolat, colas).  Ayez recours à l’acupuncture ou l’homéopathie.  Buvez beaucoup d’eau pour permettre la désintoxication, ne  mangez pas entre les repas, n’hésitez pas à utiliser des suppléments naturels pour combler les carences nutritionnelles. Le magnésium m’est apparu un minéral salutaire pour aider à détendre le cerveau.
    3. Pour vous calmer et vous équilibrer : apprenez la respiration consciente, faites de l’activité physique, de la relaxation, de l’hydrothérapie.  Certaines herbes ont des propriétés calmantes dont la valériane, le tilleul, la marjolaine.
    4. Pour accélérer la détoxication de la nicotine : utilisez l’hydrothérapie, la phytothérapie, les régimes hypotoxiques.  Consultez un naturopathe qui vous recommandera un protocole adapté à votre situation.

Commandez sans tarder du magnésium pouvant vous aider à vous sevrer de la nicotine  :

 

 

La bonne nouvelle c’est que lorsqu’on arrête de fumer, déjà en 24 heures, la pression sanguine redevient normale.  En une semaine, le risque d’infarctus diminue, le sens de l’odorat et du goût s’améliore ainsi que la respiration. 

 

Pour vous assurer de réussir, travaillez sur tous les plans en même temps, soit sur le plan physiologique, psychologique et comportemental.  Plus on dispose d’outils, plus la tâche sera facile.  N’oubliez pas, surtout, que vous valez la peine de vous sortir de ce mauvais pas !!!

Références :

  1. BALCH, Phillis, Prescription for nutritional healing, Third edition, Avery publishing, 2000.
  2. COMBY, Bruno, Libérez-vous du tabac, Éditions Dangle, 1986.
  3. POUCEL, J. Dr, Le tabac et l’hygiène, Éditions S.D.T.
  4. http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_03/i_03_m/i_03_m_par/i_03_m_par_nicotine.html#drogues