Par Sylvie Rousseau ND.A.
La recherche médicale nous a permis d’établir un lien évident entre le durcissement des vaisseaux sanguins (athérosclérose) et la défaillance du système cardiovasculaire responsable de précipiter le vieillissement. C’est d’ailleurs Le Dr Linus Pauling, titulaire de deux prix Nobel, qui a élucidé le mécanisme en cause.
À l’époque, Il avait associé cette insuffisance coronarienne à une déficience nutritionnelle de la vitamine C. L’hypothèse énoncée, par la suite, mentionnait que la baisse de la synthèse d’une molécule nommée oxyde nitrique produite dans les vaisseaux sanguins pouvait provoquer ce phénomène de vieillissement.
Un prix Nobel a d’ailleurs été octroyé en 1998 au Dr Ferid Murad MD PhD pour avoir percé le secret sur le rôle de l’oxyde nitrique dans la physiologie humaine. Cette molécule agirait comme un messager pour faciliter la communication entre les cellules. L’équipe du Dr Murad a découvert que s’il y a un déséquilibre touchant ce médiateur, cela altère la communication cellulaire et devient un facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires.
L’oxyde nitrique et la santé du système cardiovasculaire
On définit l’oxyde nitrique comme étant un composé gazeux formé d’un atome de nitrogène et d’oxygène (NO). On considère que l’oxyde nitrique endogène (produit par notre organisme) participe à plusieurs fonctions essentielles dans l’organisme. Cette substance est naturellement produite dans l’endothélium (paroi interne) des vaisseaux sanguins. Les études ont démontré qu’un des premiers rôles de cette substance est d’aider à relaxer les artères. De ce fait, elle améliore la circulation sanguine dans l’organisme tout entier et peut abaisser la pression sanguine. Cette action prévient également le cholestérol et les globules blancs (monocytes) d’obstruer les capillaires sanguins et de former des plaques d’athérome.
Cette molécule joue plusieurs rôles importants dans le système. D’une part, elle facilite la performance sexuelle chez l’homme comme chez la femme, puisqu’elle augmente la circulation sanguine dans la région de l’abdomen. L’oxyde nitrique agit aussi au niveau du cerveau. Il favorise la mémoire à long terme par le biais de l’hippocampe. À ce sujet, on a observé que les gens atteints de la maladie d’Alzheimer ont une production plus basse d’oxyde nitrique.
À l’opposé, une déficience de l’oxyde nitrique résulte en une vasoconstriction. Les cellules étant mal oxygénées et mal nourries, on assiste à la progression d’un état prothrombotique, proinflammatoire et prooxydant, soit les prémisses pour que l’athérosclérose s’installe.
Aussi, une dysfonction vasomotrice peut s’installer. Chez les femmes à la ménopause, cela se traduit par l’augmentation des bouffées de chaleurs. On a effectivement observé que la production de l’oxyde nitrique diminue au moment de la ménopause. Les études tendent à démontrer qu’il existe une relation directe entre les bouffées de chaleur et une baisse de production d’oxyde nitrique.
Le polymorphisme génétique NOS3
Les recherches en nutrigénomique ont permis d’identifier des polymorphismes génétiques (SNP) pouvant influencer notre susceptibilité à développer des troubles de santé lorsqu’en lien avec un mode de vie inapproprié (malbouffe, pollution, sédentarité…) dont les maladies cardiovasculaires. Le gène connu sous le nom de Nitrite oxyde synthase 3 (NOS3) jouant un leur rôle pivot dans la santé cardiovasculaire fait partie de ceux-ci. Cette enzyme est encodée par le gène NOS3 sur le chromosome 7.
Parmi les signes caractéristiques d’un polymorphisme du NOS3, on observe chez la personne une tendance à avoir les mains et les pieds froids ou des cicatrices qui guérissent lentement. Elles peuvent souffrir de troubles comme l’angine, l’anxiété, la dépression, la dysfonction érectile, la congestion des sinus ou une respiration buccale déficiente due à une obstruction nasale.
Ce gène joue un rôle central pour la production de l’oxyde nitrique, la substance responsable de garder les vaisseaux sanguins souples et dilatés et d’amener l’oxygène aux cellules. Quand le NOS3 est non optimal, la production de l’oxyde nitrique en est diminuée grandement.
Plusieurs troubles de santé peuvent alors apparaître touchant le système cardiovasculaire notamment les migraines, car le plus grand consommateur d’oxygène est le cerveau. D’ailleurs, si celui-ci n’a pas suffisamment d’oxygène, les cellules neuronales meurent et peuvent entraîner un dommage cérébral à long terme. Un polymorphisme du NOS3 diminue également l’agrégation plaquettaire et l’angiogenèse nécessaire lors de traumatisme pour apporter l’oxygène et les nutriments au site de la blessure afin d’assurer la réparation cellulaire. Aussi, si les vaisseaux sanguins ne se dilatent pas suffisamment, plus de pression s’exerce sur les membranes des vaisseaux sanguins pouvant initier une hypertension.
De plus, un SNP du NOS3 peut entraîner des complications pour le diabète de type II, car un taux d’insuline trop élevé augmente la production de l’oxyde nitrique par le NOS3 jusqu’à induire une défaillance de cette enzyme et provoquer la production de Super Oxyde, un des radicaux libres les plus dangereux pour la santé humaine.
Finalement, un gène défectueux de NOS3 peut provoquer chez la femme enceinte des fausses couches, de la pré éclampsie ou des malformations congénitales, car le fœtus nécessite une grande quantité d’oxygène pour pouvoir se développer, produire les tissus et cellules nécessaires à son développement.
Plusieurs facteurs de risque peuvent rendre le NOS3 dysfonctionnel. Parmi ceux-ci, nommons les anormalités respiratoires, l’acide folique synthétique (retrouvé dans les suppléments de mauvaise qualité), le glycémie élevée, la consommation exagérée d’hydrates de carbone, les infections, l’inflammation, la sédentarité, un niveau bas d’antioxydants, une baisse d’arginine, un niveau bas d’œstrogènes ou d’antioxydants dont le glutathion, une mauvaise oxygénation, un déséquilibre du microbiote intestinal, la suralimentation, le stress oxydatif, une mauvaise méthylation, une exposition importante de polluants environnementaux, la congestion des sinus, l’apnée, la cigarette, le ronflement et le stress.
L’arginine et la synthèse de l’oxyde nitrique
L’oxyde nitrique n’étant pas un supplément, on a démontré que la consommation de certaines substances naturelles pouvait augmenter la production de cette molécule. Dans les nutriments capables d’augmenter la production d’oxyde nitrique, on utilise souvent l’arginine, un des premiers acides aminés à diminuer avec le vieillissement. L’arginine supporte en effet la dilatation des vaisseaux sanguins, la formation de la créatine, elle combat les infections, améliore la tolérance de l’immunité, la transmission des neurotransmetteurs, l’érection et la diminution de l’agrégation plaquettaire.
Il faut savoir toutefois que dans une situation d’infection bactérienne ou virale comme celle du COVID-19, d’autres gènes, dont le ACE (angiotensin-converting enzyme), un gène impliqué dans la régulation de la pression et pointé du doigt actuellement comme un initiateur potentiel dans l’activation de ce virus, vont changer la donne. Ils ont alors priorité pour l’utilisation de l’arginine afin de produire l’oxyde nitrique au détriment du NOS3. Puisque l’oxyde nitrique a une action antimicrobienne, il y a un risque qu’une production massive d’oxyde nitrique se fasse dans l’objectif d’enrayer les microorganismes.
Malheureusement, cette situation peut avoir une action oxydante sur les tissus de l’humain. Si moins d’arginine est disponible pour le NOS3, la production de l’oxyde nitrique par les vaisseaux sanguins en sera diminuée et va pousser la production du Super Oxyde en compensation. Cela peut, de surcroit, augmenter la production de Peroxynitrite, un oxydant puissant affectant les lipides, les protéines et l’ADN dans le corps. Prendre un supplément d’arginine ne règle pas nécessairement la situation, car si le corps nécessite de l’arginine ailleurs, le NOS3 produira encore plus de Super Oxyde et de Peroxynitrite. Il vaut mieux supporter le système immunitaire parallèlement pour combattre l’infection en cours avec des herbes médicinales ou des champignons immunostimulants, par exemple, plutôt que d’augmenter la supplémentation en arginine dans une telle situation.
D’autres nutriments d’intérêt
La vitamine K est nécessaire à l’activation des facteurs de coagulation II, VII, IX, X, la protéine C et la protéine S impliqué dans ce processus. Celle-ci est requise non seulement pour une coagulation optimale quand il y a traumatisme, mais aussi pour enrayer la formation de thrombus inopportun.
Les polyphénols contenus dans le thé vert, ont un effet protecteur pour le cœur et diminuent l’agrégation plaquettaire tout comme le lycopène, l’antioxydant que l’on retrouve dans la tomate. Le resvératrol, un polyphénol contenu dans le vin et l’extrait de pépin de raisin supportent la vasodilatation, diminuent la pression, protègent l’endothélium et le maintiennent flexible. Le curcuma et l’ail diminuent l’adhésion plaquettaire. Les Omega-3 bloquent la cascade inflammatoire en cours lors du processus thrombotique, prolongent la vie des plaquettes et diminuent leur activation.
Finalement, la vitamine C, E et l’acide folique sous la forme de 5MTHF (5 L Methyltétrahydrofolate) ont tous le même effet positif sur l’oxyde nitrique. Le PQQ (pyrroquinoléine quinone), un antioxydant et neuroprotecteur d’importance facilite la respiration cellulaire, assure la production de l’oxyde nitrique et empêche que celui-ci soit transformé en Super Oxyde.
Deux nutriments prometteurs pour la fibrinolyse (destruction des caillots)
Le nattokinase, une enzyme que l’on retrouve dans le soya fermenté, a fait l’objet de plusieurs études sur sa capacité à dissoudre les caillots sanguins. Les études ont démontré que cette enzyme diminue l’agrégation plaquettaire et la viscosité sanguine et encourage l’activité fibrinolytique chez les cobails animaux (Fujita 1995). Plus précisément, les études ont montré que cette substance était capable de détruire la fibrine, soit la molécule filamenteuse retrouvée majoritairement dans les caillots et son précurseur, le fibrinogène. Le Nattokinase diminue aussi l’activité de deux protéines soit, les facteurs VIII et VII en lien avec la formation de caillots.
L’extrait d’écorce de pin maritime (Pycnogénol), de son coté, réduit l’agrégation plaquettaire et augmente l’activité de l’enzyme qui améliore la circulation sanguine en générant l’oxyde nitrique dans les vaisseaux sanguins. Il diminue également l’action de l’enzyme Métalloprotéinase Matricielle (MMPs) responsable de détruire les protéines qui maintiennent l’élasticité des vaisseaux sanguins.
Il facilite aussi la conversion de l’arginine en oxyde nitrique. Toutefois, la conversion en sera facilitée lorsque le pH corporel est optimal. En effet, il semble que la synthèse de l’oxyde nitrique ne soit pas optimale dans l’organisme lorsque le pH n’est pas suffisamment alcalin et qu’une hypoxie (un niveau d’oxygène bas) s’installe. On suggère à ces gens de consommer de grandes quantités d’aliments riches en nitrate dont la roquette, les betteraves, le céleri et les épinards pour optimiser la conversion d’oxyde nitrique. Aussi, les sources alimentaires d’arginine se retrouve dans la dinde, le poulet, les graines de citrouille, la spiruline, les produits laitiers, les pois chiches et les lentilles.
En naturopathie, on favorise une approche multifactorielle pour enrayer les risques de thrombose. Il est important d’adresser les facteurs de risque sous-jacents pour favoriser une coagulation normale. Réduire l’inflammation et le cholestérol, maintenir une composition corporelle saine, supprimer un niveau élevé d’homocystéine et abaisser la pression sanguine font partie d’une stratégie globale de prévention. Un mode de vie sain et la supplémentation peuvent définitivement intervenir sur les processus en cause.
En conclusion, pour que le NOS3 puisse fonctionner de façon optimale, l’organisme a besoin de beaucoup d’oxygène. La respiration ainsi que l’exercice peuvent donc jouer un rôle central dans cette situation. Les gens aux prises avec l’apnée, la respiration buccale, une congestion des sinus, des ronflements ou ayant une respiration superficielle ou retenue peuvent souffrir d’un fonctionnement du NOS3 diminué. D’un point de vue holistique, réapprendre à bien respirer peut définitivement faire partie de la solution.
Références :
- LYNCH Ben Dr, Dirty genes, Harper Collins publishers, New York, 2018.
- TRACEY Megan MSc, Editor in chief, NOx 321 technology, The power of nitric oxide, Advances in orthomolecular research, volume 3, issue 10, Calgary, 2010.
- https://www.mygenefood.com/genes/heart-health-genes/nos3/
- CESARONE MR et al. Prevention of venous thrombosis in long-haul flights with Flite Tabs: the LONFLIT-FLITE randomized, controlled trial. 2003;54 (5):531-9.
- SINATRA Stephen T. MD et al, Reverse heart disease now, John Wiley & sons inc, New Jersey, 2007.
- TRACEY Megan MSc, Editor in chief, NOX 321 technology, The power of nitric oxide, Advances in orthomolecular research, volume 3, issue 10, Calgary, 2010.
- http://www.naturalstandard.com/databases/conditions/all/condition-coagulation.asp