Le microbiote intestinal, notre écosystème

Par Sylvie Rousseau ND.A

Oubliez dès maintenant le concept que nous « attrapons » un microbe responsable de nous rendre malade. La réalité, c’est que notre corps est l’hôte d’une incommensurable communauté de microorganismes cohabitant et interagissant ensemble, dans l’objectif d’assurer l’homéostasie, soit notre équilibre biologique interne.  Nous sommes, de ce fait, un écosystème ! 

Le Projet du microbiome humain, une étude fondée par l’Institut national de la santé (NIH) en 2008 visait à identifier et à classifier le microbiome humain, soit les microorganismes habitant le corps humain et leur ADN, dans l’objectif de comprendre leur rôle dans la santé humaine.   On comprend que le corps humain abrite plus de cent trillions de microorganismes regroupant principalement des bactéries, mais aussi des protozoaires, des parasites, des levures et des virus, soit dix fois plus que le nombre de cellules composant notre corps.  On est composé à 90% de microbes et à 10% de cellules humaines et l’organisme concentre cent fois plus d’ADN microbien que d’ADN cellulaire.  Fait intéressant, l’ADN de nos bactéries est unique à chaque individu et se compare aux empreintes digitales.

Alors qu’on a longtemps considéré ces microorganismes comme de simples passagers voyageant dans notre tube digestif, aujourd’hui, on découvre qu’il existe une interdépendance réelle entre les microbes et nous et qu’ils accomplissent d’innombrables fonctions dans notre intestin.  En effet, les recherches montrent que les gènes microbiens travaillent en synergie avec nos gènes humains pour garder la personne en santé, mais c’est l’ADN des bactéries qui a le plus d’impact sur notre santé.

L’étude de ce microbiome nous dévoile aussi que la majorité de microorganismes réside dans le gros intestin et fonctionne presque comme un organe autonome.  Plusieurs effets bénéfiques des microbes ont été répertoriés dans l’organisme dont la capacité de déplacer les bactéries nuisibles, de permettre la synthèse des vitamines et la dégradation des fibres, de maintenir l’intégrité de la muqueuse intestinale et de stimuler le système immunitaire.

 

 

 

 

La cartographie de notre microbiome

Aujourd’hui, les nouvelles technologies permettent aux scientifiques de découvrir et cartographier le monde microscopique qui nous habite.  Chaque microbe joue un rôle unique en fonction de l’endroit où il se situe.  Ceux à l’intérieur de notre bouche, par exemple, sont distincts de ceux vivants sur notre peau ou dans l’intestin.  On commence seulement à comprendre à quel point ceux-ci nous définissent comme individu physiquement mais aussi psychologiquement.

Il faut savoir que les aliments ingérés passent peu de temps dans l’estomac où l’environnement est très acide pour les microorganismes, mais peut passer de deux à six heures dans l’intestin grêle où l’absorption est à son sommet et le reste peut prendre jusqu’à un maximum de 40 heures dans le colon pour permettre aux bactéries de décomposer les fibres qui ne peuvent être digérées.  Pour cette raison, le colon concentre la majorité des bactéries humaines.  D’ailleurs, les selles peuvent être composées jusqu’au trois quarts de bactéries.

De nombreuses recherches ont, de plus, démontré que l’administration de certaines bactéries bénéfiques (probiotiques) sont une barrière vis à vis des microorganismes pathogènes et les empêchent de proliférer en plus d’avoir une action calmante sur les douleurs.

Trois règles pour améliorer le microbiote intestinal:

  1. Consommer des bons gras riches en Omega-3 pour aider à réduire l’inflammation, dont les poissons et l’huile de lin, de chanvre et de chia.
  2. Manger des légumes verts, des fruits peu sucrés et des aliments fermentés (choucroute, miso, tempeh, kombucha, kéfir, fromage fait de lait cru, yogourt nature biologique auquel on a ajouté des cultures vivantes de bactéries) car on y retrouve de grandes quantités de lactobacilles. Si on est intolérant aux produits laitiers, on peut prendre des suppléments de probiotiques.  Ceux-ci devraient contenir dix différentes souches de bactéries reconnues pour leur action bénéfique sur la santé, mais principalement de bifidobactéries et de lactobacilles. Les bonnes bactéries raffolent des aliments prébiotiques (topinambours, feuilles de pissenlit, ail, oignons, poireaux, asperges…), car elles sont une nourriture pour les probiotiques. Puisque nous nécessitons 35 grammes de fibres par jour, il serait intéressant de prendre un supplément de fibres solubles dont l’acacia et la fibre de maïs sans OGM qui aide à nourrir les bonnes bactéries.  D’autres sources de fibres à intégrer sont les graines de lin, de chanvre et de chia.  Évitez le psyllium pour prévenir les gaz, les crampes et les ballonnements.
  3. Manger des protéines à chaque repas et collations pour éliminer les rages. Limitez les glucides concentrés, l’alcool et les féculents.

 

Finalement, on a trouvé que les personnes en bonne santé ont une plus grande diversité de microorganismes intestinaux.  Malheureusement, l’utilisation abusive des antibiotiques par la médecine conventionnelle est une des principales causes qui a plongé la population dans des problèmes de santé chronique et d’obésité.

 

Références :

  1. BEST Ben, The Microbiome of aging and Age-Related Disease conference, Life Extension magazine, November 2015, pp 89-97.
  2. ENDERS Giulia, Gut, the inside story of our body’s most under-rated organ, Scribe Publications, Melbourne, London, 2015.
  3. WATSON Brenda CNC, Skinny gut diet, Harmony Books, New York, 2014.
  4. KNIGHT Rob with BUHLER Brendan, Follow your gut, TED books, New York, 2015.
  5. SILVERMAN Robert Dr, Inside-out health, Lioncrest publishing, CA, 2016.
  6. DESREUMAUX Pierre, Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) Information Presse, Paris, 11 décembre 2006.
  7. ROWNTREE Robert M.D., Proven therapeutic benefits of high-quality probiotics, Applied nutritional science reports, Advanced nutritional publications inc, 2002.

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